La commune de Mopti a 100 ans, une fête d’anniversaire lui est organisée par ses fils depuis le 21 décembre dernier. Afin de magnifier cette fête, la commission d’organisation est allée de la tradition à la modernité, histoire de faire découvrir à la jeune génération les traditions de ses aïeux.
La culture dit-on, est la seule chose qui vous reste lorsque vous avez tout perdu. Au Mali, la situation se dégrade de plus en plus, depuis l’occupation du nord en 2012. Cette dégradation s’est d’ailleurs généralisée vers la région de Mopti qui est de nos jours le centre névralgique du terrorisme. Qu’à cela ne tienne, aucune excuse pour laisser sa culture tomber dans l’oubli.
A l’occasion du centenaire de la commune urbaine de Mopti, il a été question de mettre la tradition au côté de la modernité pour faire revivre aux jeunes générations les traditions de leurs milieux afin qu’ils s’en servent pour mieux avancer et concilier les esprits. Un espace réservé à la lutte traditionnelle a été préparé au même endroit où se tiennent les autres festivités tous les jours, depuis le 21 décembre. Les lutteurs sont venus de tous les quartiers de la ville pour s’affronter selon la tradition.
Le ‘’Bari’’, lutte traditionnelle n’est pas une bagarre
Il est 16h et nous sommes au terrain ‘’rouge’’ de Gangal, un quartier, au centre de Mopti. C’est là que se déroulent presque toutes les festivités de ce centenaire. Un grand cercle avec du sable fin est préparé pour la lutte traditionnelle. Les lutteurs, en équipe, se préparent à l’affrontement, tout autour du cercle. De part et d’autres de la scène, les spectateurs ont hâte de découvrir leurs champions sur l’air du jeu. Le maitre de cérémonie tient à faire comprendre que la coutume reste de rigueur. Il n’y a pas question de s’y extraire. « La lutte est un sport codé. C’est un sport que nous connaissons depuis longtemps, ce n’est pas une bagarre et ne saurait l’occasionner. Nous luttons pour nous amuser et transmettre aux jeunes générations la tradition telle qu’elle nous l’a été. Il y a des règles à suivre. Tout ce qui porter préjudice à la personne peut être l’occasion d’une disqualification. On ne doit prendre ni les voies respiratoires, ni les yeux, ni les parties intimes de son adversaire. Ce ne serait plus du jeu mais une tentative de le tuer. Nous sommes en train de jouer, rappelons-nous en » prévient-il.
Il ne suffit pas d’avoir de la force pour faire la lutte. C’est tout un art, celui de vaincre son camarade/adversaire sans pourtant lui faire honte. « Au village, quand nous étions enfants, nos bagarres se faisait à la façon du Bari. Si nous avons des précédents à régler, on se faisait convoquer par les aînés qui organisaient la lutte pour nous séparer. Il n’y a pas une autre forme de bagarre. Lorsque tu parviens à terrasser ton adversaire devant tout le monde, c’est clair que tu es plus fort que lui » confie Houssseïni Témé, lutteur.
A ce rendez-vous, au moins 700 personnes étaient présentes pour témoigner de la tradition qui se perpétue de génération en génération. Pour Issa Bamba, un sexagénaire assis dans la foule, c’est une joie immense de voire les lutteurs s’affronter comme dans le temps. « Je suis heureux de constater que nos traditions se perpétuent. Cela prouve que même si nous traversons une période cruciale de notre vie, l’espoir est permis que tout redevienne normal, comme avant. Nous sommes un peuple civilisé et nous pouvons nous ressaisir ».
L’Afrique est riche de sa culture. Le brassage culturel du Mali et surtout de la région de Mopti est une force que les hommes peuvent utiliser pour ramener la paix, la concorde et le vivre ensemble entre eux. Faire de la culture un moyen catalyseur de paix entre les populations est un devoir aujourd’hui pour que le Mali recouvre sa santé et son visage d’antan.