Niafunké, la ville des enfants de même mère, aux lèvres du fleuve Niger a abrité du 21 au 24 févier dernier, les nuits culturelles d’hommage à feu Aly Farka Touré, guitariste émérite décédé en mars 2006. Organisé par Alkibar Junior et la jeunesse de Niafunké en partenariat avec l’ONG Instruments for Africa et l’accompagnement des autorités administratives et municipales, ce festival d’hommage a été meublé par des prestations d’artistes musiciens et des troupes traditionnelles, la course des pirogues, concours de rap, conférences-débats et projection de film. L’objectif visé consiste à faire revivre les potentialités culturelles du terroir et cultiver la paix et la cohésion sociale entre les communautés.
D’entrée de jeu, le maire de Soboundou, M. Samba Bâ, souhaitant la bienvenue aux festivaliers a rappelé que ces nuits à l’hommage de feu Aly Farka Touré sont animées dans le cadre de la perpétuation d’une tradition.
Sékou Touré est membre de l’orchestre local Alkibar Junior et président de la commission d’organisation. Pour lui, il est impératif de rendre hommage à Aly et perpétuer l’héritage qu’il a légué à travers le festival Soko.
«Nous, Alkibar Junior, notre maître est Afel Bocoum qui fut le disciple de feu Aly Farka Touré. Ce dernier l’a instruit. Et à son tour, il en a fait de même avec nous. Donc tout ce que nous n’avions pas fait pour Aly, ce que ça nous dépasse. Depuis 2006, nous organisons ce festival et nous avons jugé nécessaire de rendre hommage à feu Aly Farka Touré tous les ans même si c’est une seule nuit pour ainsi perpétuer sa mémoire car Aly représente pour Niafunké un arbre géant. Grâce à lui, notre culture et celle du Mali ont été auréolées sur la scène internationale. Pour l’occasion, nous avons fait appel aux troupes traditionnelles de Dofana, Mangourou, Dagodji, et des musiciens de Diré, Tombouctou, Niafunké et Bamako», avait déclaré M. Sékou Touré, président de la Commission d’organisation du Festival Soko de Niafunké.
Des témoignages à la dimension de l’homme
A Niafunké, difficile pour les populations de dire avec exactitude ce que feu Aly Farka Touré représente pour elles : un paysan, un maire, un frère, un guitariste, un musicien… «Ce que je sache, si seulement la guitare de feu Farka Boureima avait une âme, il l’aurait fait parler», a affirmé un festival le sourire aux lèvres mais tristement bouleversé que l’homme (Aly) ne soit plus témoin des hommages que ses adeptes lui consacrent.
«En plus de leurs caractères festifs, ces nuits culturelles d’hommage à Aly Farka Touré ou festival Soko, sont des nuits de repentir de prière et de recueillement au profit de la mémoire de l’artiste musicien hors pair, une icône incontestée et inconstatable de la musique africaine voire du monde tout court», a rappelé, M. Kassoum Sanogo, le 1er adjoint au Préfet de Niafunké. Et de renchérir qu’Aly était un homme de bien, un humaniste qui a su montré en toute circonstance un haut degré de sociabilité. «Qui ne se rappelle pas de cet homme au style contemporain, svelte et jovial, cet artiste musicien guitariste inimitable, un multi-instrumentiste de génie, avec sa voix envoutante, qui a fait trembler le monde en s’imposant même dans le pays de l’oncle Sam en se hissant au plus podium de la musique américaine s’adjugeant 3 Grammy Awards», a estimé M. Sanogo.
Pour M. Idrissa Oumar Kassambara, homme de culture à Niafunké, Aly Farka Touré, feu Aly représente un grand baobab. «Qui parle d’Aly Farka Touré parle d’un grand baobab de Niafunké surtout sur le plan de la culture et artistique. Et depuis nous l’avons perdu, nous avons beaucoup de musiciens et des hommes de culture mais pas comme lui. Aly a laissé un héritage et ses enfants et d’autres continuent d’œuvrer pour perpétuer sa mémoire dans le cadre de la culture par exemple Afel Bocoum, Alkibar Junior, Aly Karkamba, Mahamoudou Kelly, etc. Ceux-ci continuent de travailler sur ce qu’Aly Farka Touré ait laissé et suivent ses pas», a-t-il dit.
Rappelons que les nuits culturelles ou Festival Soko ont été marquée par les prestations d’artistes musiciens comme Vieux Farka Touré, Afel Bocoum et son groupe, Dur Band de Diré, les rappeurs locaux et les troupes traditionnelles de Dofana, Mangourou, Dagodji, des conférences débats sur la vie de feu Aly Farka Touré, projection de film documentaire et la course des pirogues.
«Notre objectif consiste à faire revivre notre potentialité culturelle et cultiver la paix entre les communautés. Ce genre d’événement permettrait de favoriser la cohésion sociale entre les communautés qu’elles sont les mêmes et que persévérer dans un conflit n’engendrera jamais la construction et le développement», a conclu le président de la commission d’organisation du festival, M. Sékou Touré qui sollicite l’accompagnement de l’Etat malien et les partenaires techniques et financiers pour perpétuer la tradition.
Par Almoudou M. BANGOU