Niafunké, des jeunes femmes remportent la course de pirogues du festival Alkibar

Lors debla compétition, les jeunes femmes ne se sont pas laissées faire.

Pour magnifier le festival Alkibar de Niafunké, une compétition entre des piroguiers a été organisée. Elle fut remportée par une équipe de jeunes femmes. C’était un évènement grandiose.

La course de pirogues est une tradition chez les populations qui vivent aux bords du Niger mais voir des femmes compétir n’est pas donné à tout le monde. C’est l’évènement qui nous été donné de vivre ce 11 janvier 2020 sur les berges du fleuves Niger à Niafunké. C’est à l’occasion du festival Alkibar ou le Messager de la paix que cet évènement fut organisé pour montrer que tout le monde est concerné par le retour de la paix. Pour la première fois depuis fort longtemps et en dehors des fêtes du 22 septembre (anniversaire de l’accession du Mali aux indépendances) et du 20 janvier (fête de l’armée), une compétition est organisée entre différents villages mettant à l’œuvre les piroguiers.

Les conquérants, depuis quelques temps ont rendu belles leurs pirogues, ont préparé leurs équipes et attendaient le jour de la compétition. Les villages qui ont pris part à cette compétition sont : Dabi, Sibo, Danguéré, Singo, Hamma Koyra, Arabebé, Tomba et Fourou (pirogue des femmes).

Des piroguières

Contrairement aux autres occasions, le festival Alkibar, porteur de message de paix est une occasion spéciale pour faire sortir les vraies culture et traditions du milieu. Parmi ces dernières, la course de pirogues entre villages. Une spécificité peu commune, dans les rangs des conquérants, une pirogue spécialement pagayée par des femmes, sous le coaching d’un homme. En effet, dans cette pirogue, il y avait près d’une vingtaine de jeunes femmes. Chose impensable, les femmes vont remporter la compétition. Interrogé, le coach nous confiera que les femmes aussi conduisent les pirogues depuis fort longtemps, seulement que ce n’est pas à tout bout de champ. « Depuis belle lurette, les femmes conduisent les pirogues. En cas de maladie du mari par exemple, alors qu’on est loin de tout, à la recherche du poisson, c’est la femme qui doit aller faire les commissions et cela en pirogue. Quel que soit l’évènement, heureux ou malheureux, si le mari n’est pas là et que tout le monde devait partir, c’est la femme qui conduira le reste de la famille. La femme n’est pas au dernier rang dans notre société » Hamadoun Sarro.

Présentation des piroguiers devant le public
Les piroguiers se présentent au public

Avant que la compétition ne soit lancée, les piroguiers sont venus faire une première parade devant les officiels et les supporteurs. Leurs passages étaient acclamés de part et d’autre. Ensuite, ils furent dirigés vers le point de départ pour se lancer. Près de 2 kilomètres à couvrir pour les hommes et un pour les femmes. Les hommes se croyant plus préparés que les femmes ne s’inquiétèrent point mais c’était sans compter que n’étaient pas venues se balader. Quand le coup d’envoi fut donné, elles pagayèrent et arrivèrent de loin avant les premières pirogues des hommes. Ainsi donc, les femmes remportèrent la course de pirogue du festival Alkibar de Niafunké.

Heureuse de leurs victoires, ces jeunes femmes ne cessaient de faire des vas et viens en démontrant ce qu’elles savaient faire sur l’eau. Leur capitaine. Binta Soumaré nous confie qu’elles s’entrainaient, depuis l’annonce de la compétition, à pagayer ensemble mais qu’elles savaient déjà le faire toutes seules, chacune. « Dans nos hameaux et pendant les voyages de pêches, on tient très souvent la direction mais c’est les hommes qui sont visibles aux approches des gens. En milieu Bozo, la femme conduit surtout pendant la nuit, alors que les hommes s’occupent à repêcher le poisson attraper. Nous sommes très heureux de remporter cette compétition et nous en remercions les organisateurs, les initiateurs et ceux qui les soutiennent. J’aurais appris que c’est un blanc qui finance, nous lui disons merci » exprime-t-elle fièrement.

Des conquérants arborent fièrment leurs pagaies en attendant leur récompense
Des conquérants arborent fièrment leurs pagaies en attendant leur récompense

 

La course de pirogue à l’occasion du festival Alkibar fut dans l’ensemble, une vraie réussite à cause de son côté festif mais aussi surtout car les spectateurs ont vu des choses peu communes comme des femmes pagayer et aller très rapidement. Plus de 200 personnes étaient au quai de Niafunké pour les voir arriver et fièrement repartir avec la bagatelle 125 000 f cfa offerte par l’organisation. Vivement des occasions festives de ce genre.

 

Hamadoun Guindo et Gabdo Ndouré

Pour i4africa.org

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